C’est un livre qui commence comme un été banal dans un lotissement banal. Et puis, très vite, ça déraille. Pas avec fracas. Avec cette tension sourde, rampante, qui te serre les côtes sans prévenir. La Vraie Vie, c’est une claque. Une vraie. Pas celle qui te fait pleurer, mais celle qui te réveille.
La narratrice – jamais nommée – vit dans une maison où l’amour a été remplacé par la peur. Peur du père, brut et cruel. Peur de la mère, absente même quand elle est là. Elle, elle s’accroche. À son petit frère, d’abord. À la science, ensuite. Parce qu’elle est intelligente, cette ado. Et lucide. Trop lucide.
Quand un drame bouleverse son monde, elle décide qu’il faut changer le cours des choses. Mais pas à la manière des contes de fées. Non. Avec des équations, de la physique quantique, des expériences maison. Elle veut remonter le temps. Revenir avant. Récupérer l’innocence, recoller la vraie vie.
Le roman file droit, comme une flèche. Les phrases sont courtes, nerveuses, viscérales. Chaque mot est là pour taper, pour gratter, pour réveiller. Et malgré la noirceur du propos, Adeline Dieudonné installe une voix pleine de vie, d’ironie, de lumière même, par éclats.
C’est un récit d’émancipation qui prend aux tripes. Et c’est aussi, mine de rien, une ode à l’intelligence et à la résistance intérieure. Celle qui pousse une gamine à défier la peur, à essayer de comprendre le monde pour ne pas juste le subir.
Parce qu’il parle d’enfance, de violence domestique, de silence, sans tomber dans le pathos. Parce qu’il est brutalement humain. Parce qu’il est écrit comme on vit quand on a quinze ans : en urgence, en colère, en rêve aussi. Et surtout, parce qu’il nous laisse avec une certitude rare : cette autrice-là, on n’a pas fini d’en entendre parler.
Titre : La Vraie Vie
Autrice : Adeline Dieudonné
Parution : 2018
Prix : Renaudot des lycéens, Prix Fnac, Prix Filigranes… (et plein d’autres)
Adaptation : En cours, on murmure
Lecture : intense, rapide, et qui laisse une marque
Ambiance : entre thriller de l’intime et roman d’apprentissage noir
Si tu aimes les romans qui bousculent, les personnages qui se battent pour respirer, et les écritures qui vont droit au cœur (et au ventre), La Vraie Vie est un passage obligé de la littérature belge contemporaine.